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Non, mais c’est dingue ça, en ce moment, faut toujours que j’imagine le pire !
L’accident d’avion, la grave maladie, mon fils qui ne s’en sortira jamais dans la vie, moi qui vais forcément me retrouver sans un rond, pas à la rue, mais pas loin, le crédit qu’on ne pourra jamais rembourser, mes projets que je n’arriverais pas à mettre en place et j’en passe… Misère, misère quand tu nous tiens !

J’ai toujours l’impression que le pire est là, juste derrière ma porte et qu’il va me sauter dessus des que je l’ouvre, qu’il me suit, me colle à la peau !

Au secours, y’a une ombre qui me traque !

Bon, j’exagère un peu, ça n’a pas toujours été comme ça dans ma vie, j’ai aussi eu de grands moments positifs…

Je me souviens d’un homme, Raphaël avec lequel je partageais une relation intîme qui me disait tout le temps : “ je ne peux pas continuer avec toi, tu es trop positive”.  Oui, oui, ça existe. C’était assez incroyable pour moi ! Comment ça, “trop positive” ? Et je regardais derrière moi pour voir s’il ne parlait pas à quelqu’un d’autre. Ben non, c’était bien moi, j’étais très positive et je n’avais pas peur en ce temps-là ! Lui, oui, apparemment.

Mais c’était un moment, une étape, après la séparation d’avec le père de mon fils. J’étais au top, sur un nuage énergétique. Je me sentais indépendante, je menais des projets sociaux passionnants en Afrique, j’écrivais beaucoup et j’avais fait de grandes découvertes sur moi-même qui m’avaient propulsé vers les hauteurs. Puis la vie a continué sa route et je suis retombée… Un jour, je me suis retournée et j’ai vu l’ombre derrière moi, “ah, ah, ah… Bouh, je suis là m’a-t-elle hurlée dans l’oreille”… Oui, y’a le son aussi, pas seulement l’image !

J’ai perdu ma mère, subi quelques déceptions amoureuses, mon fils approchait de l’adolescence et je flippais pour avoir moi-même mal vécu cette période et le besoin de sécurité m’a rattrapé… et chez moi, qui dit sécurité, dit dépendance, peurs, angoisses et inquiétudes… c’est ainsi. J’ai replongé…

Un médecin que j’adorais m’a dit un jour : «  ta sécurité est ton insécurité », yes !
Donc, en clair quand je suis dans l’insécurité, je n’ai pas le loisir de m’installer et de me prélasser sur le coussin des peurs, ce cocon qui me séquestre…c’est l’insécurité qui me réveille !

Kesako… Je fais quoi maintenant que je m’en rends compte ?

D’abord, je guette l’ombre et la voix d’outre-tombe, lorsque je la chope à virevolter autour de moi, je lui mets un pain direct, là comme ça ! Je suis totalement non-violente, mais j’avoue que là non, c’est pas possible, je ne peux plus accepter cette intrusion.
Ensuite, une fois qu’elle s’est un peu calmé, je cherche la petite phrase (j’en ai quelques une dans mes tiroirs) ou les « petits bonheurs » qui m’emmènent ailleurs, loin cet oiseau de malheur. Pas d’autres choix que de repousser avec conviction l’effroi et le découragement, le désir de fuir vers ces régions obscures de la conscience, de me jeter dans ces coussins douillets, effrayants…

Je change le scénario, j’en invente un autre, un joli, un positif, une histoire qui se termine bien quoi, le happy end…

Le soir avant de m’endormir, je pratique la gratitude et je sélectionne les moments positifs etc.

Et voilà, en ce moment, je passe mes journées et mes soirées à chasser les ombres et à les remplacer par des petites lumières toutes simples, toutes douces. Une activité, j’en conviens assez fatigante.

Mais ils ne m’auront pas… comme quoi rien n’est jamais acquis !

Et si vous rencontrez Raphaël, dites-lui qu’il peut revenir, que j’ai retrouvé cet état où il n’aura plus peur de moi… vous croyez qu’il me dirait que je suis « trop négative » ?
Non, mais, c’est ridicule ! Comment peut-on dire à quelqu’un qu’il est trop positif… l’être humain est vraiment tordu. Et pourtant il était adorable Raphaël, un mec vraiment gentil.

Et vous, comment faites-vous avec les peurs, les inquiétudes, les scénarios catastrophes ? Ca m’intéresse beaucoup…